Migraine : et si c’était les médicaments ?

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Rédigé par Isabelle V. et publié le 18 avril 2017

La migraine se manifeste par des maux de têtes intervenant par crises. Le traitement de ces crises fait appel aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ou aux triptans. Or, l’abus de ces médicaments peut également entraîner des maux de tête chroniques, installant un véritable cercle vicieux pour le patient. Comment sortir de cet engrenage ? Migraine vous livre les dernières recommandations en matière de céphalées par abus médicamenteux.

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Migraine et médicaments : point trop n’en faut

Le soulagement des crises de migraine passe par l’utilisation d’AINS (comme l’ibuprofène), qui lutte contre l’inflammation et la douleur, ou de triptans. Ces derniers, très efficaces, agissent directement sur les vasoconstrictions des vaisseaux sanguins du cerveau responsables des maux de tête. Ils sont cependant contre-indiqués en cas de problème cardiaque. AINS et triptans peuvent être associés si besoin.

Il est recommandé de ne pas dépasser 8 jours de prise par mois. Sinon, on parle d’abus médicamenteux.

Cet abus peut lui-même être responsable de céphalées (maux de tête moins intenses mais plus longs que la migraine initiale). Plus la personne souffre, plus elle prend de médicaments, plus la pathologie s’aggrave. Les maux de tête deviennent alors quasi quotidiens. Cette complication est assez fréquente chez les migraineux. Cependant, elle reste mal connue, et le diagnostic est souvent posé tardivement.

Les céphalées par abus médicamenteux (CAM) se définissent par différents critères :

  • Maux de tête au moins 15 jours par mois depuis plus de trois mois ;
  • Consommation de triptans plus de 10 jours par mois, ou d’AINS plus de 15 jours par mois ;
  • Rythme des céphalées s’étant accentué pendant la période d’abus médicamenteux et retrouvant sa fréquence initiale après sevrage des médicaments.

Le mécanisme induisant les CAM est encore mystérieux. Un phénomène de dépendance intervient également.

Le seul traitement pour sortir de ce cercle vicieux est le sevrage médicamenteux ou l’arrêt du traitement. Il doit bien entendu se doubler d’un accompagnement du malade. Il est l’occasion d’instaurer un traitement de fond de la migraine. Ce traitement ne soulage pas les crises, mais vise à les espacer.

Le sevrage pour sortir de l’engrenage

Le sevrage se fait à domicile ou à l’hôpital selon le souhait du patient. Il consiste à l’arrêt total des médicaments antimigraineux. On lui associe parfois un antidépresseur.

À l’hôpital, cette étape dure 7 jours et les antidépresseurs (comme l’amitriptyline) sont administrés en injection. L’approche est multidisciplinaire avec une prise en charge psychologique et éducative. Lors de ce séjour hospitalier, le patient se verra expliquer sa maladie, les différents traitements et la nécessité de tenir un calendrier des crises et de la prise de médicaments. Une céphalée de rebond, particulièrement douloureuse, peut intervenir au second jour d’arrêt médicamenteux.

À l’issu du sevrage, un traitement de fond de la migraine est instauré. Les AINS et triptans sont repris en cas de crise, mais pas plus de deux fois par semaine. Un arrêt de travail peut parfois être bénéfique, le temps que la migraine se stabilise.

Le soutien psychologique au malade est une des clefs du succès. Le risque de rechute des CAM est en effet élevé : de l’ordre de 50 %.

Isabelle V., journaliste scientifique

Les céphalées par abus médicamenteux – docvadis – Françoise Radat-Bourgeois. Consulté le 18 avril 2017.
Céphalées chroniques quotidiennes par abus médicamenteux : Sevrage et éducation du patient s’imposent – Le quotidien du médecin – Christine Fallet. 20 mars 2017.

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