Soulager les maux de tête post-traumatiques avec des anti-nauséeux ?

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Rédigé par Deborah L. et publié le 22 mai 2021

Toute commotion cérébrale risque de provoquer chez la victime des maux de tête modérés à sévères pouvant persister plusieurs semaines après le choc. Selon une récente étude américaine,  l’administration par voie intraveineuse de deux médicaments anti-nauséeux pourrait aider à soulager les maux de tête post-traumatiques plus efficacement qu’un placebo.

Soulager les maux de tête

Commotion cérébrale et maux de tête

Chaque année, des dizaines de milliers de personnes en France sont victimes d’un traumatisme crânien survenant à la suite d’un choc violent dû à un accident ou à une agression. Or, cette atteinte cérébrale peut laisser de graves séquelles physiques et psychologiques, y compris sur le long terme. Il en va de même pour la commotion cérébrale, forme la plus légère du traumatisme crânien, qui peut avoir des conséquences non négligeables sur la durée.

À savoir ! La commotion cérébrale, causée par traumatisme aigu (comme un choc violent), désigne une perturbation transitoire des fonctions mentales.

Parmi les troubles connus de la commotion cérébrale, on distingue les maux de tête. Modérés à sévères, ils peuvent persister plusieurs semaines, voire plusieurs années après le choc, réduisant considérablement la qualité de vie de la victime.

Selon une récente étude américaine,  l’administration par voie intraveineuse (IV) de deux médicaments anti-nauséeux pourrait aider à soulager les maux de tête post-traumatiques plus efficacement qu’un placebo.

Soulager les maux de tête post-traumatiques avec des anti-nauséeux ?

Publiée en mars dernier dans la revue médicale Neurology, cette étude avait pour objectif d’évaluer l’efficacité par voie IV de deux médicaments anti-nauséeux dans le soulagement des maux de tête post-traumatiques :

  • Le métoclopramide : médicament anti-nauséeux (parfois utilisé pour aider à traiter la migraine).
  • La diphenhydramine : médicament antihistaminique qui peut néanmoins aider à soulager le mal des transports lorsqu’il est utilisé par voie orale.

À savoir ! En administration par voie intraveineuse, des doses plus élevées de métoclopramide risquent de provoquer de l’agitation. Les chercheurs ayant conduit cette étude ont donc choisi de prévenir cet effet indésirable en combinant le métoclopramide à la  diphenhydramine.

Pour mener à bien leurs recherches, les scientifiques ont recruté 160 volontaires ayant subi un traumatisme crânien et s’étant rendus aux urgences pour cause de mal de tête dans les 10 jours suivant le choc. Ils ont ensuite réparti au hasard ces volontaires en deux groupes distincts. Le premier groupe, composé de 81 personnes, s’est vu administrer 20 mg de métoclopramide et 25 mg de diphenhydramine par voie intraveineuse. Le second groupe, composé de 79 personnes, a quant à lui reçu un placebo sous forme de solution saline.

Les scientifiques ont ensuite demandé aux participants d’évaluer l’intensité de leur douleur sur une échelle de 0 à 10 une heure après l’administration du médicament. Ils ont alors pu observer les résultats suivants :

  • Les personnes du groupe ayant reçu la combinaison de métoclopramide et de diphenhydramine ont déclaré que leur douleur s’était atténuée de 5,2 points en moyenne sur l’échelle de la douleur.
  • Les personnes du groupe ayant reçu un placebo, en moyenne, ont déclaré que leur douleur s’était atténuée de 3,8 points sur l’échelle de la douleur.

A noter ! 43% des participants du groupe ayant reçu l’association médicamenteuse ont présenté des effets secondaires (somnolence, agitation, diarrhée) contre 28% dans le groupe ayant reçu le placebo.

Vers un soulagement plus efficace des maux de tête post-traumatiques

Si l’auteur de l’étude se félicite du caractère prometteur de ces résultats, il concède que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour approfondir le sujet. Car les participants étaient principalement issus de régions pauvres avec un accès aux soins moindre que dans d’autres régions des Etats-Unis, ce qui constitue une limite certaine à l’étude.

L’enjeu à venir consistera par ailleurs à déterminer la dose la plus efficace de métoclopramide ainsi que la durée d’administration optimale pour espérer obtenir un soulagement des patients à plus long terme.

L’équipe de scientifiques ambitionne enfin de mener d’autres études sur le même principe. L’objectif affiché ? Déterminer si un traitement précoce avec cette combinaison d’anti-nauséeux pourrait aider à soulager d’autres symptômes post-traumatiques comme la dépression, les troubles du sommeil ou encore l’anxiété.

Déborah L., Docteur en Pharmacie

Source
– Doubling down on headache pain. sciencedaily.com. Consulté le 9 mai 2021.